mercredi 23 juin 2010

Jazz Magazine: Paul Motian

• Le nouveau numéro de Jazz Magazine propose un excellent dossier consacré à Paul Motian. Le titre est d'ailleurs fort à propos: Le Picasso de la batterie. Quand on y songe, entre sa fréquentation de Bill Evans et son Electric Bop Band, Motian n'a jamais cessé d'explorer les possibilités. Quand on y songe (bis), au terme de ses associations avec Keith Jarrett, Paul Bley, Thelonious Monk, John Coltrane, Lennie Tristano, il a peaufiné son jeu de telle sorte qu'aujourd'hui il est le batteur de la finesse. Il est si subtil et singulier qu'il a d'ailleurs beaucoup influencé les bonnes baguettes d'aujourd'hui: Brian Blade ou Bill Stewart.
• Du long entretien qu'il a accordé, on a retenu cet extrait: «Au début, c'était juste un peu bizarre pour moi de jouer avec Scott LaFaro car j'étais habitué à Tommy Potter ou Oscar Pettiford, et la façon que Scott avait de jouer le tempo était différente, un peu plus ouverte. Il m'a fallu quelques jours pour m'y habituer. C'était les prémices de ce style qui est aujourd'hui le mien, très différent de ce que je jouais avec Lennie Tristano, avec lequel je devais rester très droit alors que lui jouait out! Je n'ai jamais cherché à jouer moderne, ouvert ou free, c'est arrivé au fur et à mesure, en jouant tout simplement.»
• Motian mis à part, la rédaction de «jazzmag» a questionné trois guitaristes: John McLaughlin, Jeff Beck et Philip Catherine. On propose également des portraits-entretiens avec Evan Parker, Jacky Terrasson, le génial Henry Threadgill et les chroniques habituelles. Prix de la revue: 9,50 $

dimanche 20 juin 2010

C. Taborn à la Jazz Gallery

• Les premiers échos du pianiste Craig Taborn nous sont parvenus par le biais d'un album que James Carter avait enregistré pour le label jponais DIW au milieu des années 90, si ce n'est avant. Puis on l'a entendu aux côtés de Roscoe Mitchell, Tim Berne, Chris Potter et Dave Douglas. Dans tous les cas, toutes les configurations, Taborn s'avère un pianiste avide d'explorations, de débordements, qu'il ponctue avec un brio sidérant.
• Après avoir consacré bien de son temps aux autres, il est très demandé, Taborn s'est appliqué à composer des pièces qu'il nous propose live de la Jazz Gallery à New York. C'est bon, d'autant plus bon que sa musique séduit comme elle déstabilise. Si vous aimez le jazz qui décape, vous serez servi.

So Jazz: J. McLaughlin

• Au programme du sixième numéro de So Jazz: un portrait-entretien du guitariste John McLaughlin, une longue entrevue avec Lee Konitz qui vient d'enregistrer un live au Village Vanguard, un hommage bien senti à Mary Lou Williams, pianiste et compositrice incontournable, qui aurait eu 100 ans le 8 mai dernier, des articles consacrés à Marcus Miller, Robert Aron, Bobby McFerrin, Gerald Clayton, le Portico Quartet plus les rubriques habituelles.
• Des divers entretiens, on a retenu cette réponse de Lee Konitz à la question suivante: «Quelle place occupe dans votre parcours la session de Birth Of The Cool, où Miles Davis vous dirige? Cette musique de chambre m'intéressait beaucoup. Il y avait peu de solos. Miles me donnait l'impression, à l'époque, d'être un étudiant de cette musique. Il scrutait, pour les comprendre, les arrangements de Gil Evans. Il était un grand amateur, également, de la musique de Lennie Tristano [...] À cette époque je n'étais intéressé que par Tristano. Par la suite, Miles a enregistré dans mon groupe. C'était un peu plus difficile. Il était en pleine période de drogue. Il avait de la peine à tenir son cuivre. La poudre c'est quelque chose. Je n'ai essayé qu'une seule fois et cela m'a donné mal à la tête. Je me suis dit que c'était mon cerveau juif qui me disait que c'était trop cher!»