mercredi 30 juin 2010

FIJM: le marathon de Zorn

• Plus convaincant, plus prolifique, plus curieux, plus constant, plus inventif, plus polyvalent que John Zorn tu meurs. Cet homme est un chat. Il a sept vies. Par bonheur pour nous, ses vies ne sont pas successives mais bien simultanées. Il est saxophoniste, compositeur, producteur, chef d'orchestre davantage qu'arrangeur, traducteur musical des petites œuvres de Georges Bataille, Michel Leiris, Jean-Luc Godard, Marguerite Duras, malaxeur des cultures américaine et japonaise, et surtout alchimiste des horizons musicaux qui vont des Balkans au désert du Neguev après un détour en Europe centrale par Bartók, Schoenberg ou Webern interposés. Cet homme n'existerait pas qu'il faudrait l'inventer avec le soutien des dieux grecs, celui de Cronos en particulier. C'est dire.
• Sur l'affiche de la 31e édition du FIJM, il est écrit Masada Marathon. Mais lorsqu'on s'attarde aux noms des musiciens qui seront sur la scène, on constate que ce n'est pas tout à fait exact. Car ce n'est pas le quartet de Masada qu'on nous propose, mais bien le sextet Bar Kokhba. Seront en effet présents le contrebassiste Greg Cohen, le violoniste Mark Feldman, le violoncelliste Erik Friedlander, le batteur Joey Baron, le guitariste Marc Ribot, les pianistes Uri Caine et Jamie Saft, le percussionniste Cyro Baptista, qui vont décliner des musiques logeant à l'enseigne du Talmud.
• On vous invite fortement, au cas où vous ne le connaîtriez pas, à fureter sur son site Tzadik. Vous découvrirez des artistes, des compositeurs, des musiques qui n'ont pas leur pareil pour alimenter et aiguiser les sens comme les neurones. Cela étant, Zorn et ses amis se produiront une première fois à 18h et une deuxième à 21h 30 au théâtre Maisonneuve.

dimanche 27 juin 2010

Le direct de Magic Slim

• Musicalement causant, c'est sale et pesant. De-que-cé? Du blues de stricte obédience Chicago, ville réputée pour son architecture et pour avoir attiré tous ces musiciens nés au Mississippi et qui en avaient ras le bol d'arracher les boules de coton pour les p'tits Blancs. Ce fut le cas de Morris Holt dit Magic Slim qui abandonna le piano après que l'un de ses doigts fut pris dans la broyeuse de ce foutu coton.
• Aujourd'hui comme hier, Slim demeure avec le pianiste Pinetop Perkins le dernier représentant de ce mouvement, de cette migration vers la ville des vents devenue, grâce à eux et avant eux Muddy Waters, Willie Dixon, Howlin Wolf et consorts, la capitale du «blouse». À l'instar de son premier patron musical, Magic Sam, à qui d'ailleurs on doit son surnom, Slim résume à lui seul le son du South Side de Chicago.
• Tout cela pour signaler qu'un nouvel album de lui vient de paraître: Raising The Bar sur Blind Pig. Son groupe, The Teardrops, c'est Jon McDonald à la guitare, Andre Howard à la basse et BJ Jones à la batterie. Pas plus, pas moins. Puis? Il est comme d'habitude, cet album, il est comme tous les disques qu'il a enregistrés depuis la fin des années 70, alors qu'il était sous contrat avec Alligator. Il est franc du collier. Il est chaloupé. Parfois, il est drôle. D'autres fois, il est social. Mais toujours, il est droit, direct, captivant.