samedi 13 février 2010

Live: Dave Douglas au Vanguard

• Lorsqu'il n'est pas le trompettiste de Masada, il est celui du groupe Brass Ecstasy qu'il a fondé il y a peu avec Vincent Chancey au cor anglais, Luis Bonilla au trombone, Marcus Rojas au tuba et Nasheet Waits à la batterie. Cet ensemble a publié sur étiquette Greenleaf Music un album rappelant les musiques joyeuses qu'affectionait tant le regretté Lester Bowie.
• Lorsque ce bourreau de travail ne joue pas avec ces derniers, il dirige un quintet à l'architecture instrumentale classique: Uri Caine au piano, Donny McCaslin au ténor, James Genus à la contrebasse et Clarence Penn à la batterie. Voici le premier set d'une récente prestation.

jeudi 11 février 2010

L'arpenteur s'appelle Caratini

• Après les explorations cubaines de Dizzy Gillespie, celles avant tout nord-africaines de Randy Weston, celles plus sud-africaines de Julius Hemphill et Chico Freeman ou plus sénégalaises d'Art Blakey, sans oublier les aventures poursuivies par le trio Sclavis, Romano, Texier, voilà que le contrebassiste Patrice Caratini nous livre aujourd'hui le cadastre d'un autre univers musical. Intitulé Latinidad, le résultat de ses recherches menées en compagnie de son Jazz Ensemble a été publié par le label Le Chant du monde.
• Pour bien saisir la somme, au demeurant colossale, du travail accompli par Caratini et ses quatorze complices, il faut s'arrêter à la géographie de cette histoire. À l'aube du XXe siècle, les gardes champêtres des musiques africaines, indiennes, de la polka et autres ont fait l'alchimie de ces échos sonores à La Nouvelle-Orléans, au Congo Square plus exactement? Eau quai! Caratini conclut son album par la Petite fleur de Sidney Bechet.
• À la fin des années 40, Dizzy Gillespie endosse la blouse du chimiste des rythmes cubains et du bebop? Ok! Caratini reprend à son compte Tin Tin Deo et surtout Manteca que Dizzy avait concoctés avec Chano Pozo, l'initié aux rites, voire secrets, des Cubains à la peau noire. Le reste? C'est là que Caratini se distingue de ses aînés comme de ses contemporains.
• C'est tout simple, ce qu'il nous propose c'est la suite des épisodes écrits par ceux évoqués plus haut. Après un retour à Cuba, le contrebassiste s'est métamorphosé en éclaireur de territoires sonores enclavés ici et là en Amérique du Sud. Le but, voire l'ambition? Conjuguer les rythmes afro-cubains avec les palettes musicales des Indiens d'Amazonie ou des Antilles et autres lieux où le génie des lieux est un chaman qui siffle avec constance.
• Dans le livret qui accompagne cet enregistrement réalisé en public, Caratini se fait pédagogue. Ainsi, à propos du morceau Alaro de yemaya, il explique: «Pour les Yoruba, Yemaya est la divinité des océans, des voies empruntées par les caravelles des conquistadors, les bateaux négriers des trafiquants de bois d'ébène et les Mayflower des migrants...»
• Autre exemple, en ce qui concerne Nina il confie: «La trompette déploie son chant sur un Yambu de Matanzas joué par la clave et les cajones...» Bref, le moteur de chacune des pièces est dévoilé. Cela étant, il faut souligner que, pour piloter au fil des méandres que suppose cette aventure, il a invité trois percussionnistes très versés en déclinaisons rythmiques développées à l'ombre des chaleurs. Soulignons que le Jazz ensemble c'est notamment Manuel Rocheman au piano, André Villéger aux saxos et à la clarinette, Denis Leloup au trombone, Claude Egea et Pierre Drevet aux trompettes.
• Latinidad est le disque du courage. Celui qui a consisté à tracer une diagonale entre le territoire défriché par Dizzy et consorts et des espaces méconnus ou si peu. Caratini, c'est la version laïque, civilisée, de David Livingstone.

mardi 9 février 2010

Revues jazz

• Le dernier numéro du mensuel Down Beat est plus blues que de coutume. Au programme: des articles consacrés à Buddy Guy et à Eric Bibb avec, en prime, la retranscription d'un entretien avec Muddy Waters et Paul Butterfield réalisé en août 1969. À cela s'ajoutent des portraits de Joe Henry (Yes!), d'Eric Revis, de Ben Perowsky, de Myron Walden et d'autres. Prix: 5 $.
Jazz Magazine, qui a récupéré les restes de la revue JazzMan en octobre dernier, propose un spécial Django Reinhardt aussi étoffé que sensible. En fait, la rédaction a réédité un texte rédigé il y a 50 ans de cela par Yves Salgues. Le titre? La Légende de Django. Le tout est accompagné d'illustrations signées Philippe Lechien. Prix: 9,50 $.