samedi 15 mai 2010

Living Blues: Corey Harris

• L'homme en couverture du dernier numéro du mensuel Living Blues ( 5,95 $) s'appelle Corey Harris. «Ceusses» qui aiment le blues des foins coupés en juillet, à moins d'avis contraire imposé par le dieu Éole devenu l'alchimiste chéri des pétrolières, savent que Corey Harris n'a pas son pareil pour touiller les rythmes de l'Afrique avec les harmonies du Mississippi et les rebonds jamaïcains nés, pour être exact, sur les flancs éthiopiens. Toujours est-il que Harris à la une, cela signifie long, long article.
• Article où (sic) on apprend que ce «guitariste-chanteur-compositeur-fouineur-fluent in French» est quelque peu agacé que lui et Keb Mo, lui et Guy Davis, lui et Phil Wiggins, soient encore et toujours considérés comme la jeune ou nouvelle génération du blues alors qu'ils creusent ce sillon depuis 20 à 30 ans. Article où on apprend également que cet émule de Taj Mahal passe actuellement des aventures acoustiques en compagnie de l'harmoniciste Wiggins au reggae façon Peter Tosh et Bob Marley, évidemment.
• Sinon... sinon Living Blues propose de longues rédactions consacrées à Trombone Shorty et... on reste calme... on se tient tranquille... à Lightnin' Hopkins!

So Jazz: Brad Meldhau

• Au sommaire du 5e numéro de la revue suisse So Jazz: des entretiens avec Brad Meldhau, le producteur Alan Douglas, qui a travaillé, notamment, avec Charles Mingus, Eric Dolphy et Jimi Hendrix, le saxophoniste français Jacques Schwarz-Bart, aujourd'hui installé à New York, le bassiste Reggie Washington, qui a quitté New York il y a quelques années pour mieux déposer ses valises à Bruxelles, la pianiste Junko Onishi, qui avait disparu de la scène au cours des quinze dernières années, et un dossier original intitulé Jazz & Science-Fiction – Le dossier cosmique, avec en vedette notre ami à tous... Sun Ra. Eau quai!
• Des propos formulés par les uns et les autres, on a retenu celui-ci de Washington: «Je me rends compte maintenant que ce qui se passait à New York est en train de se passer dans toute l'Europe. Cette lente dégradation ne me surprend pas. Je connais le business que j'ai choisi. C'est un sale boulot que nous faisons, mais quelqu'un doit le faire. De plus c'est le seul boulot que je veuille.»

jeudi 13 mai 2010

Retour sur Ben Sidran

• Il y a quelques jours de cela, on a évoqué la venue de Ben Sidran au Festival international de jazz de Montréal (FIJM). Comme il l'a confié au cours d'un entretien, son spectacle aura pour principal sujet Bob Dylan, à qui il a consacré son dernier album paru sur étiquette Bonsaï Music. Le titre? Different Dylan. Si aujourd'hui on vous cause à nouveau de Sidran c'est ...
• C'est pour vous conseiller vivement l'achat de Ben Sidran Live à FIP avec Bob Rockwell au saxo et à la flûte, Billy Peterson à la basse, et son fils Leo à la batterie. Bon. Il faut vous signaler, chers Montréalais, que FIP est une station rattachée au réseau Radio-France. Et d'une. Et de deux, cet album publié en 2005 est l'exemple plus que parfait de l'art et de la manière qu'a Sidran de s'approprier avec un naturel qui force l'admiration les pièces composées par d'autres. Ici, il décline notamment les mots qu'avait emboîtés il y a des lunes indiennes Mose Allison, soit If You Live et I Don't Worry About A Thing. Bon (bis).
• Là où ça se complique, c'est que... Pour mettre la main sur ce bijou, il faut passer commande chez votre disquaire ou carrément chez Bonzaïmusic.fr. Cela dit, on l'a dit mais on tient à le marteler, cet album est une merveille. CQFD: il vaut son pesant de diamants. Après le cela dit passons au cela étant pour vous souligner que son show du 27 juin prochain au Club Soda se déroulera à l'ombre de Dylan alias Jack Frost, on vous propose donc son interprétation de Tangled Up In Blue.

mercredi 12 mai 2010

New York: Benny Powell

• New York — On y est allé, à Nueva York, parce qu'on savait qu'un vieux monsieur s'appelant Randy Weston s'y produirait dans le cadre d'une série hommage au Jazz Standard. On y est allé pour lui, mais aussi parce qu'on savait qu'un autre monsieur serait à ses côtés, qu'on n'avait pas vu depuis des lunes. Il se nomme Powell et se prénomme Benny. Son instrument? Le trombone. Cet homme a ceci de quelque peu agaçant: il cultive trop l'humilité. Ce faisant, il appartient à la catégorie des musiciens trop méconnus. Pourtant... il a accompagné Lionel Hampton, Count Basie, Duke Ellington, Benny Carter, Jimmy Heath, Thad Jones-Mel Lewis, John Mayall et d'autres qu'on oublie. Pour faire court, cela fait soixante ans qu'il accompagne l'histoire du jazz.
• De lui on sait trop peu qu'entre Jay Jay Johnson et Slide Hampton, il est, avec Curtis Fuller, un passeur, un relayeur. Bon. Tout ça pour souligner qu'il vient de publier un nouvel album intitulé Nextep avec Talib Kibwe au saxo et aux flûtes, Sayuri Goto au piano, Essiet Okon Essiet à la contrebasse et... Billy Hart à la batterie! Son Nextep a ceci de convaincant que le tromboniste de 80 ans regarde droit devant. Pas de reprise. Pas de redite. Que des pièces originales. Des originaux interprétés avec ce souci qui est le sien de mettre en relief ceci: le jazz is a work in progress. Chapeau, M. Powell!

mardi 11 mai 2010

New York: le Jazz Standard

• New York — Dans l'article intitulé New York: les clubs, on vous a confié et affirmé que la programmation du Jazz Standard n'avait rien à envier à celle du Village Vanguard ou du Blue Note. Et alors? Pour s'en convaincre, il suffit d'écouter les enregistrements de divers concerts donnés dans ce lieu situé dans le quartier Gramercy dans le cadre de la série JazzSet présentée par Dee Dee Bridgewater sur les ondes du réseau NPR, la radio de PBS, le plus essentiel des réseaux «tivi» de l'Amérique du Nord.
• Toujours est-il, au cas où on ne serait pas au parfum de qualité totale, que tous les lundis les héritiers de Charles Mingus, le Falstaff du jazz, prennent possession du Standard. Dans le live qui suit, le Mingus Big Band est présent, précédé du trompettiste Ron Miles avec le guitariste Bill Frisell et de la pianiste Joanne Brackeen, qui fait moins parler d'elle — hélas! — depuis qu'elle enseigne. Bref, le show qui suit va crescendo: une pianiste en solitaire, un quartet et enfin un «bigue bande».

lundi 10 mai 2010

New York: les disquaires et R. Weston

• New York — Pour le disquaire, l'époque actuelle a tous les vices de la galère. Avant, à Nueva York , comme ils disent dans Spanish Harlem, il y avait des poids-lourds à certains coins de rue, plutôt des avenues. On pense à Tower Record, à Virgin, qui ont tous sombré après avoir rencontré le iceberg «ouaibe» et son commerce en ligne. Même les magasins spécialisés n'ont pas échappé à l'ébranlement de la distribution. Certains d'entre eux ont fermé. D'autres ont multiplié les catégories de leurs spécialisations pour attirer les jeunes qui aiment les musiques de jeunes. Le genre «t'sais-comme-punk-hard-core.» Bigre! Comme disait Harpagon au temps de l'avarice.
• Bon. Tout un chacun sait que désormais on peut effectuer notre épicerie sonore chez Amazon. Peut-être sait-on moins qu'on peut la faire chez Squidco, Jazzloft et autres magasins vendant des produits dématérialisés. On vous conseille vivement de fouiner du côté de ces derniers avant d'aller chez Amazon. La raison de ce parti pris est simple à expliquer: le prix. Contrairement au géant de la vente en ligne, les deux susnommés, et il y en a d'autres, réduisent les coûts afférents au transport et aux frais de douanes si vous commandez trois, huit ou vingt albums. Dit autrement, Amazon charge le même montant — pour le transport et les douanes — pour chaque disque acheté.
• Cela étant, le plaisir des plaisirs sur ce front reste l'achat direct. L'achat réalisé avec l'artiste en personne. Randy Weston et son African Rythms Trio augmenté de Benny Powell au trombone et Talib Kibwe au saxo proposaient, au terme de leur prestation au Jazz Standard, leurs récentes productions. De Weston, de cet immense pianiste, compositeur, historien de l'Afrique, on vendait Zep Tepi sur étiquette Random Chance, qu'on n'a jamais aperçu dans les bacs des disquaires montréalais, ainsi que l'excellent Nextep sur Origin Records.
Petite note: l'interprétation de Blue Moses, une composition de Weston, qui suit est en deux parties. C'est du gâteau, du Paris-Brest, de la première à la dernière seconde.

dimanche 9 mai 2010

New York: les clubs

• New York — Évidemment, il y a le Village Vanguard, qui fête cette année sa 75e année d'existence. Le Village Vanguard où Lorraine Gordon demeure la cheftaine en chef. Pourquoi cette tautologie? Parce qu'elle est chef en six-bols! Dans les parages, ceux de Greenwich Village, il y a aussi le Blue Note, le Small's, la Jazz Gallery, mais il y a également ces petits clubs qui offrent un éventail de contentements musicaux à moindre prix. On pense au 55 Bar situé au 55 Christopher Street ainsi qu'au Bar Next Door qui a pignon sur rue au 129 McDougall Street. Puis il y a le Arthur's Tavern au 57 Grove Street, pour son ambiance sympathique et son parti pris pour un jazz chaleureux à partir de 22h. Avant 22h? C'est plutôt piano-bar. En clair, c'est: cause toujours, mon bonhomme, et t'entends rien.
• Depuis que le Sweet Basil et d'autres avec lui ont sombré, d'autres qui voisinaient le Vanguard et le Blue Note, la géographie du jazz s'est déplacée vers le nord: le Birdland et l'Iridum dans Midtown. Mais entre Greenwich et Times Square, il y a le Jazz Standard dans le quartier Gramercy qui propose une affiche qui n'a rien à envier à celle du Village. En tout cas, lorsqu'on y était, c'est là que nous sommes allé et retourné. Pour entendre Randy Weston et son African Rythms Trio augmenté de deux de ses vieux complices: le saxophoniste alto Talib Kibwe et le tromboniste... Benny Powell! Sur eux, nous reviendrons.
• On savait qu'après avoir claqué la porte de la Knitting Factory, où on l'avait vu pour la première fois il y a une douzaine d'années, puis celle du Tonic, John Zorn a ouvert sa propre salle: The Stone dans East Village. Pis? Pour le localiser, c'est pas évident, même si on sait qu'il est quelque part dans un coin du croisement fait par l'Avenue C et la Second Street. C'est bien simple: rien ne l'annonce.
• Il y a d'autres lieux à Brooklyn animés par des musiciens qui ont élu domicile dans ce vaste quartier à la suite des hausses vertigineuses des loyers à Manhattan. Mais il y a surtout deux clubs qui ont traversé toutes les crises, toutes les guerres: le St Nick's Pub et Lenox Lounge. Tous les deux sont dans Harlem: le premier au 773 Street St. Nicholas Ave; le deuxième, au 288 Lenox Avenue. Dans les deux cas, leur jazz est jazz-jazz. Ni avant-garde, ni mollason.
• P.-S.: on vous conseille vivement, si l'envie d'aller à New York vous titille, de louer un appartement. Laissez tomber les guides dits touristiques qui «ploguent» des hôtels à des prix fixés par Goldman Sachs. Allez sur le «ouaibe», fouinez un peu et, en moins de deux, vous trouverez des «apparts» bien placés et à des prix convenables. Depuis que ce phénomène a pris de l'ampleur, le lobby des hôteliers new-yorkais est habité par la mauvaise humeur. C'est bien fait pour leurs poches. Pendant des années et des années, ils ont freiné la construction de...