jeudi 25 mars 2010

Le tromboniste de la tenacité

• Il est compositeur comme il est courageux. Il est arrangeur comme il est tenace. Il est surtout tromboniste plus amoureux que d'autres de cet instrument confronté à un coefficient de difficulté plus élevé qu'ailleurs. De-que-cé? Séduire ou convaincre par trombone interposé est plus hasardeux que sur le saxo ou la «trompinette». De qui s'agit-il? Richard Gagnon qui vient de produire une nouvelle ode à cet instrument relégué pendant des années au rôle de figurant avant que J. J. Johnson ordonne son émancipation en mettant en relief ses lettres de noblesse sonore. Notamment sur les tempos de la ballade.
• Bon. Gagnon vient de publier un album intitulé Suite, tout simplement, et qui ne regroupe, outre la formation rythmique classique, que des trombones, rien que des trombones. Soit ceux de David Grott, David Martin, Jean Nicholas Trottier, Serge Arsenault, Robert Ellis au trombone basse, auquel s'est joint le New-Yorkais Steve Davis, auprès de qui Gagnon a d'ailleurs étudié. Gaétan Daigneault est au piano, Frédéric Grenier à la contrebasse et Richard Irwin à la batterie. Le nom du groupe? Trombones Actions.
• Bien. Cet album paru sur étiquette R. G. Productions, et que Select distribue, est de facture classique, dans le sens respectueux du terme. Ici, les accents rappellent ceux des big bands sur lesquels celui de Thad Jones-Mel Lewis avait imprimé ses marques. Là, les pulsions chaloupées de Gagnon ou de Davis ou de Trottier font écho au «bibeaupe» brandi et défendu par Slide Hampton. C'est soudé, si bien soudé que rien ne dépasse, rien ne se perd. Cet orchestre est d'une homogénéité remarquable, méritant donc d'être salué mille fois plutôt qu'une. D'autant que, sur les ballades, Gagnon est sa bande nous régalent. Chapeau!
• P.-S.: Gagnon et Trombones Actions occuperont la scène de L'Astral demain soir. Le show sera précédé d'un 5 à 7 au cours duquel sa Suite sera lancée.
• P.-S. 2: Steve Davis jouant trop peu souvent à Montréal, on vous propose ci-après un neuf minutes moins une seconde de calme.

mardi 23 mars 2010

La ferme de Levon Helm

• Voici un «docu» d'une vingtaine de minutes dont Levon Helm, batteur, chanteur et pinceur de mandoline, est le sujet. En fait, on devrait parler de Levon le guide des fermes de l'Arkansas — il est né dans cet État —, où des métayers, où ses anciens voisins, s'échinent à cultiver des lopins qu'ils seront probablement les derniers à avoir creusés.
• Ces damnés de la terre, c'est le cas de le dire, pour lesquels il éprouve une affection évidente, ont été les moteurs comme les acteurs de Dirt Farmer, album très touchant, album accompli à l'aune du réalisme le plus cru qui soit. Entre deux dialogues avec ces cultivateurs, le cinéaste a évidemment glissé des morceaux du disque produit par le guitariste Larry Campbell, qui avant de rejoindre Helm fut membre du groupe de Bob Dylan pendant une quinzaine d'années.
• En 2009, Dirt Farmer obtint le Grammy du meilleur album dans la catégorie americana. Idem cette année pour la suite intitulée Electric Dirt. Aux amateurs de cinéma et de Bertrand Tavernier en particulier, signalons que Helm campe le rôle du général Hood dans le film In the Electric Mist, adapté du roman du même nom que James Lee Burke publia il y a plus de dix ans de cela.