jeudi 23 décembre 2010

The Cookers: de la joie!

• Avant d'entendre une note, on lit tout d'abord forcément les noms: Billy Harper, saxophone ténor, Eddie Henderson et David Weiss, trompettes, Craig Handy, sax alto, George Cables, piano, Cecil McBee, contrebasse, et Billy Hart, batterie. Et alors? Ben, c'est pas compliqué, avant d'avoir écouté la première note de cette formation baptisée The Cookers, vous vous dites ce qu'on disait dans l'ancien temps: The Cookers, c'est un supergroupe. Mais au contraire de bien de ces super-machins, lui ne déçoit pas. Il est à la hauteur respective des membres haut gradés rassemblés par un label de la République française: Plus Loin Music.
• Intitulé Cast The First One, cet album est avant tout une joie. Celle de retrouver d'immenses musiciens abandonnés par des étiquettes aussi paresseuses qu'avaricieuses, des étiquettes trop préoccupées à arrondir les angles afin de rassurer le bourgeois et sa bourgeoise par Diana Krall et autres ovnis sonores marketés à la Coca-Cola.
Cast The First One, c'est l'album du... nerf! Un album qui a du caractère. Dit autrement, un album d'où ont été bannies les notes mièvres, racoleuses, molles, les notes qui, passant partout, sont vides, de sens donc de vie. Retrouver Harper, qui avec le très regretté George Adams est l'archétype du ténor post-Coltrane, retrouver Cables, McBee et autres vétérans, autres éclaireurs du post-bop, c'est, on le répète, une forte dose de joie pure. Voici le morceau-titre:

samedi 18 décembre 2010

So Jazz: Rollins, Lloyd, Haden

• Pour son onzième numéro, la revue So Jazz propose des entrevues avec Sonny Rollins et Charlie Haden, des articles dont les sujets s'appellent Charles Lloyd, Eric Truffaz, Cassandra Wilson, Aldo Romano, en plus des rubriques habituelles. Des propos formulés ici et là, on a retenu celui-ci de Haden: «Je sais bien qu'ils [NDLR: les dirigeants américains] se foutent des gens comme moi, comme ils se foutent des jeunes qui meurent en Irak. Leur seul but est de créer un business model [Yio, les françouillards, un “business model”, c'est ce qu'on appelle un modèle d'affaires. Un sponsor, avec ça?] sur le dos de l'Américain moyen. Et de changer les règles du jeu, comme cette décision de la Cour suprême de lever toute restriction quant au financement des campagnes électorales par les entreprises: le coup de grâce porté à notre démocratie.» Voici First Song par le Quartet West de Haden:

vendredi 17 décembre 2010

Un morceau, un seul

• Un morceau géant d'un géant: I Wonder Where Our Love Has Gone par Zoot Sims, le saxophoniste au long cours. On se souvient que peu de temps après la sortie de cet album, en 1977, paru sur étiquette Pablo sous le titre If I'm Lucky, Sonny Rollins avait confié à un journaliste de Jazz Hot qu'il avait entendu live Stan Getz, d'autres ténors, puis Sims. Son constat? Sims était un cran au-dessus. Car lui avait résolu la quadrature du cercle: fondre les ponctuations aérées de Lester Young dans la note pesante, profonde, chère à Coleman Hawkins. Ici, Sims est accompagné par son vieil ami le pianiste Jimmy Rowles, ex-accompagnateur de Billie Holiday, entraîneur musical de Marilyn Monroe et plus grand connaisseur, avec Hank Jones, du répertoire. Ce morceau, ce n'est pas de la tarte mais bel et bien une pièce montée genre, comme disent les jeunes, château de Versailles. Ave!

jeudi 16 décembre 2010

Eric Watson, pianiste de la finesse

• Pendant des années, les lecteurs nord-américains de Jazz Hot ou de Jazz Magazine ont été habités par une frustration, en tout cas ce fut notre cas, qui a un nom propre: Eric Watson. Pianiste d'origine américaine de son état, Parisien d'adoption depuis au moins 25 ans. Toujours est-il que chaque nouvelle parution de Monsieur Watson, sur étiquette Owl, était l'objet attentionné de critiques se conjuguant toujours avec l'excellence. Mais hélas, trois fois hélas, ce n'est que de passage en vieille France que l'on pouvait se procurer ses albums. Du côté gelé de l'Atlantique, la distribution des perles de Watson était la définition même de la fumisterie en conserve. De taille américaine, la conserve en question.
• Après cette introduction quelque peu atrabilaire, on en convient, on vous annonce qu'y a de quoi sauter à pieds joie et les yeux fermés dans le territoire de la jubilation. Voilà, depuis qu'il est sous contrat avec Out Note Records, label français fondé par Jean-Jacques Pussiau qui avait fondé Owl, Watson sera enfin disponible puisque mieux représenté. Toujours est-il que son p'tit dernier baptisé Memories of Paris vient de faire la traversée.
• Comme l'album de Kenny Werner, New York Love Songs sur la même étiquette, ce Watson est fait uniquement de compositions de Watson. Et comme celui de Werner, ce Watson, c'est du grand art. C'est prenant dans le sens le plus captivant du terme. C'est du grand jazz avec des réminiscences, pour parler chicos, ici de Satie, là de Fauré ou de Debussy. C'est dire qu'ici tout est en retenue, voire en paresse, et là tout en sensibilité sans une once de mièvrerie. En clair, Watson résume à lui seul le piano en solo. Chapeau! Mille fois plutôt qu'une! Voici Smoking Dog And The Sinner Cat

mercredi 15 décembre 2010

Live du Vanguard: Robert Glasper

• Ce mois-ci l'invité de NPR au Village Vanguard est le pianiste Robert Glasper, qui se distingue de bien de ses confrères par son inclination pour l'alchimie entre le jazz et le hip-hop. Pour ce live, il est accompagné de Vicente Archer à la contrebasse et de Jamire Williams à la batterie. Le programme? G & B, One For Grew, Unknow et Yes I'm Country, pièces composées par Glasper, et I Have A Dream de Herbie Hancock. À noter que cette heure de musique est suivie par un entretien avec l'excellent animateur du NPR de Boston, Josh Jackson.
Glasper au Vanguard

vendredi 10 décembre 2010

Le grand art de Kenny Werner

• Allons-y avec une lapalissade: le piano seul à seul, c'est pas évident. L'exercice, il faut en convenir, peut se transformer en un magistral casse-gueule. Dans l'histoire, peu s'y sont risqués et encore moins ont convaincu. Parmi ces derniers, on compte Art Tatum, Thelonious Monk, Ray Bryant, Ran Blake, Paul Bley et Jaki Byard. À ce groupe, c'est le cas de le dire sélect, il faut ajouter le nom de Kenny Werner.
• Intitulé New York Love Songs, l'album que vient de publier l'étiquette française au nom très français Out Note Records, c'est tout simplement du grand art. Très rarement on a été frappé par la clarté du jeu, par la retenue dans l'émotion qui la met de fait en relief, par la beauté des compositions.
• Comme le titre de l'album l'indique, tout se rapporte à New York. Il n'est question que de la Grosse Pomme. Un coup c'est East River, un coup c'est Ground Zero, un coup c'est Central Park avant l'Hudson River et le Riverside. Pas une fois, l'envie de zapper la moitié d'une pièce ne s'est manifestée. Et quand on sait qu'il s'agit d'un solo, c'est énorme. Voici First Light/East River



vendredi 3 décembre 2010

Un morceau, un seul

• Dans les années 80, les cheminées vertes de Thelonious Monk ont été rénovées par son ancien ténor Charlie Rouse avec les complicités de Sahib Shihab au baryton, qui participa au premier enregistrement de Round Midnight, de Claudio Roditi à la trompette, de Walter Davis Jr. au piano, de Santi Debriano à la contrebasse et de Victor Lewis à la batterie. L'étiquette? Uptown, fondée par un médecin montréalais: Robert E. Sunenblick. Hélas, trois fois hélas, cette étiquette a disparu des bacs des disquaires. Toujours est-il que le titre de cet album magnifique de bout en bout est simplement celui-ci: Soul Mates, une composition de Mal Waldron. Cela étant, pour nous cette session a quelque chose de maudit puisqu'elle devait s'avérer la dernière de Rouse, Shihab et Davis Jr. Amen! Suit: Green Chimneys

Pour Pepper Adams

• Histoire de sortir de l'oubli Pepper Adams, LE baryton du bebop, son cadet Gary Smulyan a décidé de lui rendre hommage en compagnie de Barry Harris au piano, de David Wong à la contrebasse et de Rodney Green à la batterie. Leur prestation a été enregistrée lors du festival de jazz de Detroit, ville où ont grandi quantité d'immenses musiciens, dont Adams et Harris, sans oublier Donald Byrd, qui codirigea avec Adams un quintet ayant signé plus d'un album sur étiquette Blue Note.
Smulyan et Adams

jeudi 2 décembre 2010

Dylan par Sidran

• Il y a un an, on devrait dire, un an tout juste, le pianiste, compositeur, auteur et chanteur Ben Sidran, par ailleurs héritier direct de Mose Allison, publiait un album... conquérant! Un disque entièrement consacré aux textes et musiques de Bob Dylan qu'il avait enregistrés dans un village de la lointaine Alsace avec des musiciens français.
• Aujourd'hui, toujours sur étiquette Bonsaï Music, il remet ça. Mais cette fois, c'est live. À la guitare, on retrouve Rodolphe Burger, à la basse il y a Marcello Giuliani, à la batterie on retrouve Alberto Malo. Sur certaines pièces, Eric Truffaz, par trompette interposée, ponctue le tout à l'aune du juste à temps.
• Le programme? Gotta Serve Somebody, Rainy Day Women, Blowin' In The Wind, Subterranean Homesick Blues, All I Want Really To Do, Tangle Up In Blue, Everything Is Broken, Maggie's Farm, Love Minus Zero, The Times They Are Changin, On The Road Again, We Are Here But For A Minute. Autrement dit, c'est Dylan des années 60 aux 90. Le résultat est simple à formuler: ce live est un excellent complément d'objet direct — direct! — aux versions studio. Suit Maggie's Farm:

samedi 27 novembre 2010

Un morceau, juste un

Steve Grossman est au saxo, le ténor. Michel Petrucciani est au piano. Andy McKee est à la contrebasse. C'est lui qui a écrit cette ballade poignante comme le sont parfois les ballades. Le titre? Inner Circle. Joe Farnsworth est à la batterie, tendance fine, subtile. Ce morceau, publié sur un album intitulé Steve Grossman With Michel Petrucciani sur étiquette Dreyfuss Jazz, c'est un moment de grande beauté. Il n'y a absolument rien à ajouter.

Willie Nelson à NPR

• Oui, oui, oui, Willie Nelson a été l'invité de Marian McPartland, la pianiste qui anime l'émission Piano Jazz depuis plus de trente ans. Après Hank Jones, James Moody, Dizzy Gillespie et quantité d'autres «jazzeux», voici donc Nelson qui alterne country avec classiques du jazz. C'est enjoué, sympathique, sans prétention. Bref, voici une heure de petits bonheurs au cours de laquelle vous entendrez aussi bien Crazy que Nuages ou encore le fameux Stardust de Hoagy Carmichael.
Nelson à NPR

Max Roach derrière le Mur

Max Roach a toujours été synonyme de costaud. Musicalement, il va sans dire, mais également politiquement causant. Avec Charles Mingus, il fut un réfractaire, un constant contestataire. Dans les années 80 comme dans les années 40. Au début des années 70, il avait mis sur pied un quartet sans piano. Le trompettiste Cecil Bridgewater fut d'abord engagé, puis le saxophoniste Odean Pope et le bassiste Tyrone Brown les rejoignirent pour former un orchestre plus fréquemment enregistré en Europe qu'aux États-Unis.
• Il y a peu Naxos a signé un accord de distribution avec le label allemand Jazzwerkstatt. «Fais que» depuis peu on peut entendre la captation du show donné par Roach et ses collègues le 16 juin 1984 au Jazzbühne à Berlin-Est. De ce spectacle, six pièces d'anthologie, c'est le cas de la dire, ont été retenues qui composent ce Max Roach - Live In Berlin: Jordu de Duke Jordan, Giant Steps de John Coltrane, Six Bits de Roach, Good Bait de Tadd Dameron et Perdido de Juan Tizol.
• Cet album est à l'image du batteur: hénaurme. Du début à la fin. C'est Roach comme on l'apprécie: qui dérange, qui chaloupe, qui pique, qui est toujours dans la densité. C'est du très costaud. D'autant que Pope, Bridgewater et Brown ne font jamais dans la dentelle. C'est pas cool-machin-chose, c'est hard-bop. Et c'est tant mieux. Suit: Jordu.

jeudi 25 novembre 2010

Charlie Parker: la totale

• Sur la pochette de la nouvelle publication de Frémeaux & Associés, les mémorialistes des sonorités diverses du monde mondial, on peut lire ceci: Intégrale Charlie Parker - Groovin High - 1940-1945. Parmi ces mots et ce nom propre, il y a une information d'une grande importance: intégrale! Pour la première fois dans l'histoire du jazz, à moins que l'on soit dans les patates, ce qui ne serait pas étonnant, une maison de disques, ici la républicaine Frémeaux, a décidé de rendre à Parker ce qui lui revient: une réédition digne de ce nom de ses péripéties acoustiques.
• Dans le passé, Parker a été le sujet de rééditions. La plupart du temps, celles-ci furent bancales. Pour rester poli. Car trop souvent, les auteurs de ces entreprises s'appliquaient à nous refiler les quatre ou cinq versions de chaque pièce enregistrée par Bird. Ce faisant, ils manquaient de respect à l'égard du grand manitou du bebop ce dernier, faut-il le rappeler, ayant choisi de son vivant telle version plutôt que telle autre.
• Cela étant, ce volume 1 de The Complete Charlie Parker vaut son pesant d'or parce qu'il s'attarde au Parker d'avant le «bibeaupe». Soit le Parker membre de la grande formation de Jay McShann, du sextet de Cootie Williams, du Clyde Hart All Stars, du quintet de Tiny Grimes, etc. Et alors? Le jeu de Parker était déjà plein de sève. Vive et dense. Chapeau à Alain Tercinet, maître d'œuvre de cette intégrale. Suit Hootie Blues avec McShann.

mardi 23 novembre 2010

Irma Thomas à Seattle

• Ça fait quoi? Trente, quarante, peut-être même cinquante ans que la chanteuse Irma Thomas égrène les blues versant La Nouvelle-Orléans et non Chicago. Un demi-siècle qu'elle roule sa bosse aux quatre coins de la planète et dans le sud des États en particulier. Le temps passant, cette grande dame est moins encline au voyage au long cours et à ses décalages horaires. Dommage! En espérant qu'un jour elle débarque à Montréal, on peut se régaler avec cet enregistrement réalisé par la radio publique de Seattle.
Irma la douce

jeudi 18 novembre 2010

La vie de Randy Weston

• On sait de Randy Weston qu'il est pianiste et compositeur. On sait également qu'il a séjourné longuement en Afrique et au Maroc en particulier. À Tanger pour être précis, où il avait Paul Bowles, l'auteur d'Un thé au Sahara, comme voisin. Pas immédiat, mais enfin... On sait peu qu'il a la fibre de l'ethnologue bien trempée. Car en plus d'avoir analysé les musiques du continent où vécut Lucy, il s'est intéressé aux scientifiques africains, à l'histoire de l'empire des Dogons, etc.
• On rappelle cela pour mieux souligner que l'autobiographie qu'il vient de publier chez Duke University Press va se démarquer des autres livres du genre par sa passion africaine. Cette affinité aiguisée pour le berceau de l'humanité est d'ailleurs ce qui distingue Randy Weston des autres grands du jazz. Avec constance depuis les années 50, il a instillé les rythmes africains, les mélopées africaines, dans ses albums. Le titre du livre? African Rythms: The Autobiography of Randy Weston. Après un entretien accordé à NPR, on vous propose un docu de 10 minutes réalisé par Ben Primack alias The Jazz Video Guy.
Entrevue avec Weston

mercredi 17 novembre 2010

Le saxo essentiel: Houston Person

• On l'a peut-être déjà dit. En fait, on espère qu'on l'a déjà dit. «Deux-queue-sait»? Houston Person est le dernier ténor d'une tradition dont Coleman Hawkins fut le premier représentant avant que Ben Webster, Don Byas, Eddie Lockjaw Davis et d'autres lui emboîtent le pas. On parle bien évidemment de cette tradition dite du son lourd, sale, âpre, rugueux. De cette tradition qui oblige son adhérent à sculpter chaque note. Bref, ces bonshommes n'étaient pas des bavards. Person l'est encore moins.
• Là, on vous en cause parce qu'il vient de publier une autre galette intitulée Moment To Moment sur étiquette High Note. Soit dit en passant, on lève notre chapeau à ce monsieur pour la régularité avec laquelle il nous fourgue tous les huit mois un nouvel enregistrement. Autrement dit, à l'instar de ses illustres aînés, Person est un bosseur, un travailleur.
• Ce Moment To Moment est sans surprises. Heureusement d'ailleurs. On n'attend pas de Person qu'il fasse dans la nouveauté post-moderne, mais bien qu'il nous rassure sur l'intemporalité d'un style, d'une manière d'être. D'être quoi? Un souffleur de ballades, de blues, de standards mille fois joués. Autant on apprécie John Zorn pour sa créativité, son originalité, son extrême modernité, autant on apprécie Person pour nous consoler des bruits ambiants et des répétitions imbéciles.
• Pour nous, Moment To Moment est dans ce genre, qui n'est pas un second genre, un grand disque. Faut dire que le vieux renard sait s'entourer. Comme d'habitude! Terell Stafford à la trompette, John Di Martino au piano, Randy Johnson à la guitare sur certains morceaux, Ray Drummond à la contrebasse et Willie Jones III à la batterie. Le programme est fait de ballades, de swing, de blues. Bref, c'est un régal. À preuve, ce Bleeker Street, ci-après, composé par mon ami Houston Person.

samedi 13 novembre 2010

Chaud devant: Mel Melton

Mel Melton est un cas. On dira que chacun est un cas, chacune également. D'accord comme eau quai! Mettons que «Mêle-thon» est un cas particulier parmi les singuliers. Car lui, comme beaucoup d'autres d'ailleurs, joue de l'harmonica, de la planche-à-laver de fabrication louisianaise, il chante également mais, lui, en plus de tout cela, il est un chef. Et un grand, si on s'attarde à son «paie-dit-grès». Oui, oui... mister Mel a remporté plein de prix de grands cuistos. Bref, il touille le lapin au safran et au fromage de chèvre de la main gauche et joue de l'harmonica de la main droite. Chaud devant!
• En 1969, il avait fondé un groupe avec Sonny Landreth qui écumait le sud-ouest de la Louisiane. Ils étaient passionnés par les musiques cajun-créoles, zydeco-blues-funky-bazar. Aujourd'hui, Mel et son groupe The Wicked Mojos proposent un CD au titre franc: Papa Mojo's Louisiana Dance Hall Music paru sur étiquette Bigroundrecords. Ce n'est que cela: de la musique de samedi soir, la chaleureuse, celle qui favorise les déhanchements comme les ondulations. C'est sympathique en diable, version vaudou. On ne s'ennuie pas une seconde. C'est une musique qui s'écoute avec les amis, une musique socialisante qui ne se prend jamais la tête.

Live au Vanguard: Jason Moran

• Peu après la sortie de son album Ten, parce que cela fait dix ans que le pianiste Jason Moran est accompagné par le même contrebassiste, Tarus Maten, et le même batteur, Nasheet Waits, ce trio s'est produit au Village Vanguard au début d'octobre dernier. Enregistré par le réseau NPR, le premier set combine des compositions incluses dans son dernier CD à de plus anciennes. Pis? On a trouvé le show plus captivant que ce Ten, paru sur étiquette Blue Note, qu'on trouve parfois austère.
Moran au Vanguard

Un morceau, juste un

• Il suffira d'un morceau, juste un. Un blues de Melvin Jackson dit Lil'Son qui était un contemporain de Lightnin' Hopkins. C'est lui, Melvin, qui a composé ce Travelin'Alone qu'Eric Clapton a repris à son compte. Ça se passe de commentaires. Slowhand est entouré de Doyle Bramhall II à la guitare, de Willie Weeks à la basse, de Walt Richmond à l'orgue et de Jim Keltner à la batterie.

mardi 9 novembre 2010

Les passagers du jazz

• Ils sont de retour. Ça leur a pris tellement de temps qu'ils méritent un qualificatif particulier, The Jazz Passengers. Lequel? Bande d'enfoirés! Lorsqu'on est un adhérent de l'antique axiome, celui de Démocrite pour être exact, même si on n'en est pas certain, qui enseigne que qui aime bien, châtie bien, on ne fait pas dans le détail. Bref, on répète: bande d'enfoirés!
Because, comme dirait Queneau le Grand, ça fait une paye, et une grosse qui plus est, que vous ne vous étiez pas signalés à nous alors que vous saviez fort bien que, depuis la mise en quarantaine des Lounge Lizards pour cause de maladie, celle qui a frappé John Lurie, nous étions en deuil du jazz-rigolo-décapant-surprenant. En clair, lui malade, vous vous être mis aux abonnés absents. Bande de faces d'anchois!
• Bon. Aujourd'hui le saxophoniste Roy Nathanson, le tromboniste Curtis Fowlkes, les fondateurs du groupe, le vibraphoniste Bill Ware, le contrebassiste Brad Jones, le batteur E. J. Rodriguez, le guitariste Marc Ribot, deux violonistes, et deux chanteurs invités sur trois morceaux, Elvis Costello et Deborah Harry, proposent une galette pleine d'humour et bourrée d'inventions. Intitulé The Jazz Passengers - Reunited — vous auriez pu trouver un autre titre, non? —, cet album, paru sous licence au Canada sur l'étiquette Justin Time, il vous nettoie les neurones à la nanoseconde. C'est dire! Voici Spanish Harlem.

samedi 6 novembre 2010

Dix minutes de Chess

• Voici un petit «docu» — dix minutes seulement — sur les blues de Chess Records, le fameux label qui publia les galettes signées par Muddy Waters, Willie Dixon, Little Walter, Etta James, Sonny Boy Williamson, Otis Spann, Howlin' Wolf, Eddie Boyd, Chuck Berry, Bo Diddley, Buddy Guy... On arrête? Pas question! De Lafayette Leake, J. B. Lenoir (Yes!), Billy Boy Arnold, Jimmy Witherspoon, Floyd Dixon, Jimmy Rogers, Otis Rush... La liste est longue? On est fatigué par ce «name dropping»? OK! On stoppe parce que la liste des musiciens lancés par cette étiquette fondée par deux immigrants polonais est effectivement si longue que l'on pourrait se contenter d'écouter du Chess et juste du Chess.
• Bon. Tout ça pour signaler que ce docu a un petit quelque chose «d'arty» qui en fait un docu bien agréable.
Chess en 10 minutes

vendredi 5 novembre 2010

Live au Vanguard: Lou Donaldson

• Le saxophoniste alto Lou Donaldson, eh bien, cette semaine, il a soufflé 84 bougies. Yio! CQFD: le souffleur des histoires, parfois rugueuses, parfois salaces, des histoires qui effraient la bourgeoise et tétanisent le petit-bourgeois bien pensant, eh bien, il est toujours-là à les souffler les histoires en question. Pourtant, Dieu sait s'il en a bavé, ce bonhomme dont la volonté, la musicale s'entend, a toujours consisté à dispenser du plaisir! Nom dé diou!
• Cette semaine, il occupe la scène étroite, géographiquement causant, du Village Vanguard. Et comme d'habitude, le réseau NPR a capté le premier set de mercredi. Pis? L'auteur du fameux Blues Walk est accompagné par l'organiste Pat Bianchi, le guitariste Randy Johnston et le batteur Fukushi Tainaka né en... Alabama! Bonne écoute!
P.-S.: c'est de la musique de nuit.
Lou au Vanguard

jeudi 4 novembre 2010

Mark Murphy au Upstair's

• C'est étrange, vraiment étrange. Le chanteur Mark Murphy, qui se produira ce soir et demain au Upstair's, mérite, lui, le qualificatif de légende que les médias emploient à toutes les sauces, souvent les mauvaises. L'étrangeté? Ses albums sont si mal distribués de ce côté-ci de la frontière qu'on se demande si le traité de libre-échange n'est pas le piège qu'on tend aux crédules. Pourtant, on se souvient que dans les années 70 il régalait la compagnie année après année avec ses enregistrements pour le label Muse. Un des grands labels de l'époque. Autrement dit, lorsqu'il était sous contrat avec Muse, le chanteur de la puissance côtoyait Barry Harris, Dolo Cocker, Dexter Gordon, Teddy Edwards, Louis Hayes et autres clochards célestes.
• Clochards célestes... Si on emprunte ce terme à Kerouac, c'est pour mieux souligner qu'à cet écrivain Murphy a consacré tout un album. Car ce chanteur beatnik est aussi un homme qui jongle avec les mots. Qui écrit des paroles qu'il colle ensuite aux compositions des autres. On pense notamment au Stolen Moments d'Oliver Nelson. Il a aussi marqué les esprits par ses clins d'œil constants à Nat King Cole, de ses débuts dans les années 50 — oui, il est sur les planches depuis un demi-siècle — à aujourd'hui.
• Pour ceux et celles qui aiment le jazz chanté, la venue de Murphy est la grande affaire, si l'on peut dire, de la fin de l'année. À noter que ce soir et demain, il sera accompagné de Dave Laing à la batterie,de Misha Platigorsky, son pianiste depuis des années, et d'Alec Walkington à la contrebasse.

mercredi 3 novembre 2010

Le big-band de Jimmy Heath

• De Jimmy Heath, on sait qu'il est saxophoniste ténor. Qu'à Philadelphie, sa ville natale, il avait notamment John Coltrane comme copain. On sait que le contrebassiste Percy Heath est son grand frère et que le batteur Al, dit Tootie, est le benjamin. Qu'il a vécu l'émergence du be-bop. On sait qu'il a joué avec tous les grands de l'âge d'or. On sait...
• On sait beaucoup moins qu'il est un sacré composeur et un sacré arrangeur. Que certaines de ses pièces ont fait la fortune, pas au sens financier du terme, de Dexter Gordon ou encore de Cannonball Adderley. On sait moins également qu'en 1947, il avait monté son propre big-band avant d'intégrer celui de Dizzy Gillespie. On sait beaucoup moins que sa vraie passion musicale s'appelle: «ze bigue-bande». Le voici live au Blue Note à New York. C'est du gâteau.
Heath Live

mardi 2 novembre 2010

La bio de Bill Evans

• À ce que l'on sache, How My Heart Sings est la seule biographie consacrée au pianiste Bill Evans. Son auteur, Peter Pettinger, est lui aussi pianiste. Un concertiste versé en musique classique qui s'est distingué, entre autres choses, par son interprétation des sonates composées par Bela Bartok. On insiste: Pettinger n'est pas un musicien de jazz. Ceci explique probablement cela: la place qu'il accorde à l'analyse musicale de telle pièce écrite par Evans, de telle progression d'accords lors de l'enregistrement de tel disque, alourdit passablement la lecture. Dans le genre, on a lu beaucoup, beaucoup mieux.
• En fait, l'ouvrage de Pettinger publié par les éditions Yale University Press s'adresse avant tout aux grands admirateurs d'Evans. À ceux qui veulent connaître les détails inhérents à l'enregistrement de Nardis ou de Song For Helen. Cela étant, cette bio a ceci de faible qu'elle s'attarde trop peu sur les années dites de formation. Autrement dit, une biographie digne de ce nom reste à faire. En attendant, voici Israël en compagnie de Scott LaFaro à la contrebasse et de Paul Motian à la batterie.

lundi 1 novembre 2010

Dr John au micro de McPartland

• L'idée est excellente. De quoi s'agit-il? Le réseau NPR, la radio publique des États-Unis, vient de rediffuser une entrevue de Dr John que la pianiste Marian McPartland avait réalisée en... 1989! Au cours de ce dialogue, entrecoupé de pièces interprétées live, Le Baron Samedi des musiques vaudous évoque l'influence déterminante de James Booker, de Fats Domino et du Professor Longhair. Il est également question de sa collaboration avec le génie des lieux de La Nouvelle-Orléans, soit Allen Toussaint, et d'autres étapes de la très longue carrière du conservateur des gris-gris. Cette interview est un régal.
Dr John chez NPR

samedi 30 octobre 2010

L'art de G. Peacock et M. Copland

• Fiiiooouuu! Au bout du compte, de l'écoute, devrions-nous dire ou plutôt écrire, on se dit ou plutôt on constate que cette affaire qui est un duo, c'est du grand art. Non, non, non! N'y voyez pas un excès d'emphase ou un soupçon d'enflure. Les histoires que nous content le pianiste Marc Copland et le contrebassiste Gary Peacock, ces histoires qui s'emboîtent les unes dans les autres, forment un tout qui relève du grand art. Point barre!
• À des pièces d'anthologie, All Blues et Blue In Green de Miles Davis, sans oublier In Your Own Sweet Way de Dave Brubeck, ils ont collé leurs pièces. Et «sans déconner», pour parler brutal mais franc, dans le décor sonore qu'ils ont confectionné, leurs morceaux ne dépareillent pas. Parfois ce n'est que douceur, parfois ce n'est que complicité entre musiciens qui se fréquentent depuis longtemps, parfois ce n'est que sobriété, parfois ce n'est que sensibilité. Et toujours c'est élégant.
• Intitulé Insight, leur album a paru sur l'étiquette allemande Pirouet. Passons à la finance. Plus précisément, au prix de revient, sans entrer dans les détails des faits qui le composent. De-que-cé? Le distributeur canadien S.R.I. vient de signer une entente avec Pirouet. Les albums de ce label, et notamment ceux du trio de Copland, Peacock et du batteur Bill Stewart, vont coûter moins cher qu'auparavant. Et voici All Blues:

vendredi 29 octobre 2010

Bechet, Django et Evan

• Question jazz manouche, le clarinettiste britannique Evan Christopher en connaît un rayon. Un rayon de grande surface et non du bouge du coin. Il le connaît tellement, le «djasse» à la Django et à la Grappelli, qu'il vient de se permettre une licence en lui greffant du Sidney Bechet, le Créole de La Nouvelle-Orléans que ce couillon de Napoléon a vendue pour trois roupies de sansonnet. Du Bechet, mais aussi du Duke Ellington. Oui, ma chère.
• Bon. Christopher vient de publier un album sur étiquette Frémeaux & Associés intitulé Django à la créole. Aux guitares, il y a David Blenkhorn et Dave Kelbie, alors que la contrebasse est entre les mains de Sébastien Girardot. Le programme est fait de compositions signées Bechet, Ellington — Mood Indigo, rien de moins —, Billy Taylor, Rex Stewart, Django et maîtres des standards comme Hoagy Carmichael.
• Le résultat est clair, limpide, cristallin. C'est calme et volupté, auxquels la joie s'est greffée. Sur un instrument réputé très difficile, Christopher se distingue par sa retenue. Par une retenue qui lui permet de sculpter LA note jusqu'à la quasi-perfection. Ce Django à la créole, c'est enfin et surtout de la sympathie. Ci-après son Mood Indigo suivi du morceau titre joué au Ducs des Lombards à Paris.



jeudi 28 octobre 2010

Archie Shepp rencontre Marc Ribot

• Cet été dans le cadre bleu-Méditerranée, versant français, le vétéran documentariste de jazz Frank Cassenti a filmé l'immense Archie Shepp en compagnie de Marc Ribot, le guitariste caméléon par excellence. Le programme? The Stars Are In Your Eyes, Ask Me Now de Monk, Hand Bone, Revolution, Dedication To Bessie Smith Blues, Trippin' , Dig It , Ill Biz, U-Jaama, une des grandes compositions de Shepp et Don'Get Around Much Anymore de Duke Ellington.
P.-S.: ce show a été produit et diffusé par le ARTE européen. So what? La programmation du ARTE local, du ARTE montréalisé, s'avère, par comparaison, de la fumisterie en conserve. Et encore là, on est poli. Bon show!
Shepp et Ribot

dimanche 5 septembre 2010

Direction: Denver

. Parti -stop- Direction Denver - Objet: jazz et "blouse" - stop - De retour le 13 sept. Ave.

jeudi 2 septembre 2010

Live: Christian McBride

• Contrebassiste puissant, franc du collier, Christian McBride a réuni autour de lui le batteur Carl Allen, qui comme lui a une inclination pour la puissance, le saxophoniste Steve Wilson, l'excellent Peter Martin au piano et Warren Wolf au vibraphone. Dans le cadre de l'émission JazzSet, ils ont interprété Rainbow Wheel, Theme For Kareem, Star Beam, Sophisticated Lady, Stick & Move et Brother Mister.
McBride Live à NPR

jeudi 26 août 2010

Hommage à Abbey Lincoln

• L'hommage à la chanteuse Abbey Lincoln se poursuit. Après une série de deux articles, voilà que le réseau NPR vient de mettre en ligne une prestation enregistrée live au début des années 2000 dans le cadre de l'émission JazzSet qu'anime Dee Dee Bridgewater. Elle est accompagnée de Brandon McCune au piano, de John Ormond à la contrebasse et de Jaz Sawyer à la batterie. Elle interprète Throw It Away, une de ses compositions, le standard Midnight Sun, Mr Tambourine Man de Bob Dylan. Son set est suivi par celui d'une autre chanteuse, Kendra Shank, secondée par le pianiste Frank Kimbrough.
Lincoln Live

mardi 24 août 2010

Les 40 ans de Living Blues

• La revue Living Blues a 40 ans d'existence. Tout logiquement, le numéro qui vient de sortir en kiosque retrace les quatre décennies de cette revue publiée par le Center for the Study of Southern Culture de l'Université du Mississippi. Le tout s'accompagne du palmarès de l'année dressé par les critiques de la chose. Voici les résultats:
John Primer est l'artiste de l'année.
Ruthie Foster est consacrée meilleure chanteuse.
Bobby Jones récolte le titre de meilleur chanteur.
• Meilleur guitariste: Joe Louis Walker.
• Meilleur harmoniciste: Billy Branch.
• Meilleur bassiste: Bob Stroger.
• Meilleur pianiste: le vénérable Henry Gray.
• Meilleur batteur: Kenny Smith.
• Album de l'année: Chicago Blues: A Living History. Primer est de la partie. Voici d'ailleurs une vidéo en deux parties de ce show auquel a participé notamment Billy Boy Arnold.

lundi 23 août 2010

Les live de Smalls

• Vendredi dernier, on a écrit un p'tit quelque chose sur les dernières publications du label Smalls Live, du nom d'un club situé à New York à quelques enjambées du Village Vanguard. Mais voilà, comme on est passablement couillon, on a omis de vous signaler que le site de Smalls propose des heures et des heures de shows enregistrés, de shows archivés. L'adresse: smallsjazzclub.com. Parmi les spectacles écoutés, on a retenu celui du pianiste Rick Germanson avec Eric Alexander au ténor, Duane Eubanks à la trompette, Gerald Cannon à la contrebasse et Joe Farnsworth à la batterie
Rick Germanson live

Abbey Lincoln: 2e partie

• La deuxième partie que la station NPR a consacrée à la chanteuse Abbey Lincoln est désormais en ligne. On se souviendra que cette série est en fait un hommage à cette grande dame décédée il y a un peu plus d'une semaine. Signé par Lara Pellegrinelli, cet article est entrecoupé d'un bon nombre d'extraits musicaux.
Abbey par NPR

samedi 21 août 2010

Live à Austin: B. Lavette et P. Perkins

Joe Henry est un producteur de goût en plus d'être un auteur-compositeur original. Toujours est-il qu'en tant que producteur, il a réalisé les derniers enregistrements de Mose Allison, Ramblin Jack Elliott et Allen Toussaint. Il n'a pas son pareil, le Henry, pour ranimer des carrières éteintes ou presque. Avant ces trois bonshommes, il a fait une réanimation de première: en un disque et un seul, il a remis sur le devant de la scène la chanteuse Bettye Lavette, dont les accents soul ont une incroyable profondeur. La captation qui suit a été réalisée dans le cadre de la meilleure émission télé du genre: Austin City Limits. Après Lavette, le presque centenaire pianiste de blues Pinetop Perkins joue sa partie avec toujours autant d'aplomb et de... malice.

Watch the full episode. See more Austin City Limits.

Benny Powell n'est plus

• Le tromboniste Benny Powell est mort. En furetant sur le site du New York Times, on est tombé sur un papier de Peter Keepnews, d'ailleurs fils d'Orrin dont on parle dans l'article qui suit celui-ci, daté du 3 juillet et qui annonçait que Powell était décédé le 26 juin. Ça nous a fait particulièrement drôle, parce que deux mois auparavant on lui avait serré la main après un show qu'il avait donné avec l'immense Randy Weston au Jazz Standard à New York. En date du 12 mai dernier, on avait signé un texte accompagné d'un documentaire de plus de huit minutes dans lequel Powell se raconte. Vous pouvez le retrouver dans la section «Jazz à New York». Sinon, voici le lien pour l'article de Keepnews.
Powell par Keepnews

Another Blue par le Benny Powell Nextep

Le duo Adderley-Keepnews

• C'est quand même curieux. Quoi donc? Le déficit de reconnaissance à l'égard du saxophoniste Cannonball Adderley et du producteur Orrin Keepnews. Chaque fois qu'on lit des articles consacrés aux productions des années 50 et 60, l'étiquette Blue Note est évidemment évoquée. Bien davantage que Riverside qui affiche pourtant un inventaire incroyable de grands moments dans l'histoire du jazz.
• On sait trop peu qu'Adderley mis à part, Keepnews a supervisé un nombre plus important d'enregistrements de Thelonious Monk sur Riverside que sur Blue Note. Qu'il a produit le très fameux Bill Evans Live At The Village Vanguard, des Sonny Rollins, des Red Garland (Yes!), Bobby Timmons, Blue Mitchell, Randy Weston, Johnny Griffin, Wes Montgomery et quantité d'autres artistes.
• Parmi toutes ces associations, celle qu'il eut avec Adderley fut à la fois la plus longue et la plus fructueuse. Il y a quarante ans, on écoutait Live At The Hit, Live At The Vanguard, Live At The Jazz Workshop, Live At The Lighthouse, et on les écoute encore et toujours avec autant de plaisir. Car tous ces live mettent en relief qu'à cette époque, de la fin des années 50 au milieu des années 60, sa formation était l'une des meilleures parce qu'elle défendait un style empreint de chaleur et de passion. Dans la vidéo qui suit Spontaneous Combustion, extrait de Live At The Jazz Workshop, Keepnews livre ses confidences sur des enregistrements publics d'Adderley.


vendredi 20 août 2010

Le Smalls de New York

Smalls est un club situé dans Greewnwich Village, au 183 West 10e Avenue pour être exact ou précis. C'est au choix. Il a ouvert en 1993. On se souvient que, pendant une dizaine d'années, il n'y avait qu'un seul employé, qui était en fait le taulier percevant les 10 $ du billet d'entrée. Il n'y avait ni barman, ni serveur. Bref, personne sauf les musiciens, qui jouaient jusqu'aux petites heures du matin, les heures radieuses.
• Après un hiatus de quelques années, Smalls a rouvert en 2007. Avec toujours la même politique: donner aux jeunes leur chance. C'est là qu'ont commencé Joshua Redman, Brad Meldhau, Mark Turner, Grant Stewart, Norah Jones, Sam Yahel et beaucoup, beaucoup d'autres. Au fil des ans, Smalls est devenu le point de chute par excellence des musiciens qui, une fois leurs prestations au Village Vanguard ou au Blue Note terminées, y vont jammer.
• Plus tôt cette année, le proprio du club a décidé de lancer une étiquette dédiée au live. Ont déjà paru des CD de Kevin Hayes, Peter Bernstein, Steve Davis. Là viennent de paraître un Ryan Kisor, un Seamus Blake et un live du batteur Albert Heath accompagné d'Ethan Iverson au piano et de Ben Street à la contrebasse. Si vous aimez les enregistrements en public, vous allez adorer cette étiquette baptisée tout simplement Smalls Live. D'ailleurs, on y reviendra prochainement. En attendant, voici Pound Cake par Heath-Iverson-Street