samedi 6 février 2010

Les samedis de S. Barry et A. Cowan

• Stephen Barry à la contrebasse, Andrew Cowan à la guitare et les deux aux chants de vieux blues, de jazz aussi vieux, et d'antiques folklores, le tout augmenté de leurs compositions, se produisent encore et toujours ici et là à Montréal et dans les environs. Tous les samedis, ces amis de quarante ans occupent le plancher d'un resto très sympathique: Le New Griffintown situé sur la rue Notre-Dame, côté sud, à 200 mètres de la rue des Seigneurs donc à 500 mètres de la rue Atwater. Si vous aimez Mose Allison, les rengaines conçues à Chicago et si en plus vous appréciez l'humour conjugué avec des gammes de G. Sharp, alors allez-y. Vous ne serez pas déçu.
P.-S.: il y a quelques mois de cela, Barry et Cowan ont publié un excellent album intitulé tout simplement Duo sur étiquette Productions Bros.

L'air de Brubeck et Desmond

• Côté est, à la fin des années 40, Miles Davis, John Lewis, Gerry Mulligan et Gil Evans se sont appliqués à briser les rythmes du temps, voire sa routine, en prenant le contre-pied du «bibeaupe». Pour faire court, là où il y avait agressivité ils ont introduit la lenteur et la douceur. Côté ouest, à la même époque, Dave Brubeck, Paul Desmond et un saxophoniste ténor aujourd'hui oublié, il s'appelait David van Kriedt, s'employaient à la confection d'une grammaire musicale identique à celle des troublions nommés sans pour autant les imiter.
• Aujourd'hui, grâce à l'étiquette française Frémeaux & Associés, le travail de ces derniers nous a été restitué avec le souci suivant: suivre la chronologie de leur développement, leurs découvertes, qui devait atteindre son point d'orgue avec la parution de Time Out en 1959. Les morceaux choisis par Alain Gerber et Alain Tercinet, auteur d'un livre remarquable - West Coast Jazz édité par Epistrophy/Parenthèses -, ont été enregistrés à San Francisco, New York et Los Angeles. Parfois, Brubeck est seul, parfois il est à la tête d'un trio. D'autres fois, Desmond dirige un quartet sans piano, notamment avec Gerry Mulligan. Mais sur la majorité des pièces, le pianiste côtoie l'altiste si amoureux de l'actrice Audrey Hepburn qu'il lui dédia une de ses plus belles compositions; Audrey.
• Lorsqu'on écoute Blue Moon, Over The Rainbow, How High The Moon, All The Things You Are, Laura, Line For Lyons, You Go To My Head, Take Five, évidemment, et autres chansons merveilleusement déclinées, on réalise que Brubeck-Desmond avaient un point commun avec Duke Ellington: le génie de la beauté. Il n'est d'ailleurs pas étonnant que Brubeck ait intitulé une de ses plus célèbres compositions The Duke.
• Dans son texte de présentation, aussi instructif que savant, Tercinet rapporte l'anecdote suivante: À propos de son plus grand succès, Take Five, Desmond inventa cette histoire: «L'idée m'en est venue à Reno, devant une machine à sous. Le rythme de la machine m'a suggéré le rythme du morceau. En fait, j'ai voulu que cette machine restitue d'une manière ou d'une autre tout l'argent perdu à jouer avec.» La suite? Vous la lirez après avoir fait l'acquisition de ce double compact. Oui, on vous en conseille l'achat dix fois plutôt qu'une. D'autant plus que ce disque baptisé The Quintessence s'avère d'ores et déjà une des meilleures rééditions de l'année 2010. Cliquez:


jeudi 4 février 2010

Super Bowl sans Dr John

• À la mi-temps du Super Bowl, ceux qui avaient exprimé en 1964 le désir de disparaître avant la vieillesse vont occuper la scène alors qu'ils ont la soixantaine bien entamée. Il s'agit évidemment du groupe britannique The Who. Bon. C'est dommage, bien dommage, car si La Nouvelle-Orléans n'a pas d'équipe de baseball, une équipe de basket-ball qui va cahin-caha depuis son retour dans la ville de Louis Armstrong, Fats Domino et Dr John, elle offre depuis des décennies un éventail musical d'une richesse qui se compare seulement à New York et Chicago. S'il était difficile de prévoir que les Saints affronteraient les Colts d'Indiannapolis lors de la grande finale, il aurait été justifié de saluer le SON Nouvelle-Orléans d'autant qu'après le passage de Katrina les dommages demeurent aussi visibles que violents. Bien. À la mi-temps, on écoutera Dr John, le pianiste des gris-gris, nous conter son dépit provoqué par l'indifférence du gouvernement fédéral en général et de Bush en particulier. Cliquez ci-après:

mardi 2 février 2010

L'amnésie des Grammy's

• Une fois encore, amnésie et Grammy's ont rimé de concert. C'est le cas de le dire. Né à La Nouvelle-Orléans, Allen Toussaint, pianiste, compositeur, arrangeur très prisé par ses pairs, plusieurs d'entre eux lui devant leurs fortunes, matérielles et diverses, pour avoir emprunté à taux bas bien des perles noires, est reparti bredouille alors que son album The Bright Mississippi vaut son pesant d'or de qualité totale ISO 9 000. D'autant que son interprétation des beautés sonores conçues par Jelly Roll Morton, Duke Ellington, Django Reinhardt, Thelonious Monk et Sidney Bechet est empreinte d'une sensualité et d'une sensibilité qui forcent l'admiration.
• On remarque également que Joe Henry, le producteur de cet album paru sur étiquette Nonesuch qui ne dispose pas des moyens de promotion de Warner et compagnie, a été totalement ignoré alors qu'il a réussi l'an dernier le coup double. Toussaint mis à part, Henry fut l'architecte de A Stranger Here signé par le chanteur Ramblin Jack Elliott, vieux complice de Bob Dylan, Dave Van Ronk, Marcia Muldaur et autres clochards célestes de Greenwich Village dans les années 50. Il faut dire que le programme de cette production - des blues ayant la crise des années 30 comme dénominateur commun -, ça vous a un petit côté sombre propre à faire de l'ombre aux pirouettes athlétiques des nonos et nunuches des variétés post-moderne. Bon, histoire de gommer l'amnésie évoquée voici le show d'Allen Toussaint au Village Vanguard: Toussaint au Vanguard

dimanche 31 janvier 2010

Arrêt sur image: Monk, Bird et Billie

• Au cours des derniers mois, voire des dernières années, la société Medici Arts s'est employée à acquérir une série de documentaires que des réalisateurs américains avaient confectionnés au début des années 90. Il y a peu, Medici Arts a mis en marché le Charlie Parker scénarisé par le grand critique Gary Giddins qui avait accompagné la diffusion de son film d'un livre se distinguant par la richesse iconographique. Également disponible un Billie Holiday ayant ceci de particulièrement intéressant que Mal Waldron, son dernier pianiste, met en relief ce qui jusqu'alors resta dans l'ombre. Les autres témoins? La chanteuse et pianiste Carmen McRae, les trompettistes Buck Clayton et Harry Edison, l'écrivain Albert Murray et une autre chanteuse: Annie Ross.
• En ce qui concerne le Monk, il faut préciser à l'attention de ceux qui possèdent le film Straight No Chaser produit par Clint Eastwood et réalisé dans les années 80 par Charlotte Zwerin que celui proposé par Medici Arts est moins convaincant parce que moins complet. Quant à The Story of Jazz, il est un bon résumé de l'histoire en question. Là encore, si on détient la série signée par le cinéaste Ken Burns ce Story of Jazz intéressera uniquement ceux qui ont la fibre du collectionneur bien prononcée. Titre de la série de Medici Arts: Masters of American Music.