samedi 18 décembre 2010

So Jazz: Rollins, Lloyd, Haden

• Pour son onzième numéro, la revue So Jazz propose des entrevues avec Sonny Rollins et Charlie Haden, des articles dont les sujets s'appellent Charles Lloyd, Eric Truffaz, Cassandra Wilson, Aldo Romano, en plus des rubriques habituelles. Des propos formulés ici et là, on a retenu celui-ci de Haden: «Je sais bien qu'ils [NDLR: les dirigeants américains] se foutent des gens comme moi, comme ils se foutent des jeunes qui meurent en Irak. Leur seul but est de créer un business model [Yio, les françouillards, un “business model”, c'est ce qu'on appelle un modèle d'affaires. Un sponsor, avec ça?] sur le dos de l'Américain moyen. Et de changer les règles du jeu, comme cette décision de la Cour suprême de lever toute restriction quant au financement des campagnes électorales par les entreprises: le coup de grâce porté à notre démocratie.» Voici First Song par le Quartet West de Haden:

vendredi 17 décembre 2010

Un morceau, un seul

• Un morceau géant d'un géant: I Wonder Where Our Love Has Gone par Zoot Sims, le saxophoniste au long cours. On se souvient que peu de temps après la sortie de cet album, en 1977, paru sur étiquette Pablo sous le titre If I'm Lucky, Sonny Rollins avait confié à un journaliste de Jazz Hot qu'il avait entendu live Stan Getz, d'autres ténors, puis Sims. Son constat? Sims était un cran au-dessus. Car lui avait résolu la quadrature du cercle: fondre les ponctuations aérées de Lester Young dans la note pesante, profonde, chère à Coleman Hawkins. Ici, Sims est accompagné par son vieil ami le pianiste Jimmy Rowles, ex-accompagnateur de Billie Holiday, entraîneur musical de Marilyn Monroe et plus grand connaisseur, avec Hank Jones, du répertoire. Ce morceau, ce n'est pas de la tarte mais bel et bien une pièce montée genre, comme disent les jeunes, château de Versailles. Ave!

jeudi 16 décembre 2010

Eric Watson, pianiste de la finesse

• Pendant des années, les lecteurs nord-américains de Jazz Hot ou de Jazz Magazine ont été habités par une frustration, en tout cas ce fut notre cas, qui a un nom propre: Eric Watson. Pianiste d'origine américaine de son état, Parisien d'adoption depuis au moins 25 ans. Toujours est-il que chaque nouvelle parution de Monsieur Watson, sur étiquette Owl, était l'objet attentionné de critiques se conjuguant toujours avec l'excellence. Mais hélas, trois fois hélas, ce n'est que de passage en vieille France que l'on pouvait se procurer ses albums. Du côté gelé de l'Atlantique, la distribution des perles de Watson était la définition même de la fumisterie en conserve. De taille américaine, la conserve en question.
• Après cette introduction quelque peu atrabilaire, on en convient, on vous annonce qu'y a de quoi sauter à pieds joie et les yeux fermés dans le territoire de la jubilation. Voilà, depuis qu'il est sous contrat avec Out Note Records, label français fondé par Jean-Jacques Pussiau qui avait fondé Owl, Watson sera enfin disponible puisque mieux représenté. Toujours est-il que son p'tit dernier baptisé Memories of Paris vient de faire la traversée.
• Comme l'album de Kenny Werner, New York Love Songs sur la même étiquette, ce Watson est fait uniquement de compositions de Watson. Et comme celui de Werner, ce Watson, c'est du grand art. C'est prenant dans le sens le plus captivant du terme. C'est du grand jazz avec des réminiscences, pour parler chicos, ici de Satie, là de Fauré ou de Debussy. C'est dire qu'ici tout est en retenue, voire en paresse, et là tout en sensibilité sans une once de mièvrerie. En clair, Watson résume à lui seul le piano en solo. Chapeau! Mille fois plutôt qu'une! Voici Smoking Dog And The Sinner Cat

mercredi 15 décembre 2010

Live du Vanguard: Robert Glasper

• Ce mois-ci l'invité de NPR au Village Vanguard est le pianiste Robert Glasper, qui se distingue de bien de ses confrères par son inclination pour l'alchimie entre le jazz et le hip-hop. Pour ce live, il est accompagné de Vicente Archer à la contrebasse et de Jamire Williams à la batterie. Le programme? G & B, One For Grew, Unknow et Yes I'm Country, pièces composées par Glasper, et I Have A Dream de Herbie Hancock. À noter que cette heure de musique est suivie par un entretien avec l'excellent animateur du NPR de Boston, Josh Jackson.
Glasper au Vanguard