samedi 21 août 2010

Live à Austin: B. Lavette et P. Perkins

Joe Henry est un producteur de goût en plus d'être un auteur-compositeur original. Toujours est-il qu'en tant que producteur, il a réalisé les derniers enregistrements de Mose Allison, Ramblin Jack Elliott et Allen Toussaint. Il n'a pas son pareil, le Henry, pour ranimer des carrières éteintes ou presque. Avant ces trois bonshommes, il a fait une réanimation de première: en un disque et un seul, il a remis sur le devant de la scène la chanteuse Bettye Lavette, dont les accents soul ont une incroyable profondeur. La captation qui suit a été réalisée dans le cadre de la meilleure émission télé du genre: Austin City Limits. Après Lavette, le presque centenaire pianiste de blues Pinetop Perkins joue sa partie avec toujours autant d'aplomb et de... malice.

Watch the full episode. See more Austin City Limits.

Benny Powell n'est plus

• Le tromboniste Benny Powell est mort. En furetant sur le site du New York Times, on est tombé sur un papier de Peter Keepnews, d'ailleurs fils d'Orrin dont on parle dans l'article qui suit celui-ci, daté du 3 juillet et qui annonçait que Powell était décédé le 26 juin. Ça nous a fait particulièrement drôle, parce que deux mois auparavant on lui avait serré la main après un show qu'il avait donné avec l'immense Randy Weston au Jazz Standard à New York. En date du 12 mai dernier, on avait signé un texte accompagné d'un documentaire de plus de huit minutes dans lequel Powell se raconte. Vous pouvez le retrouver dans la section «Jazz à New York». Sinon, voici le lien pour l'article de Keepnews.
Powell par Keepnews

Another Blue par le Benny Powell Nextep

Le duo Adderley-Keepnews

• C'est quand même curieux. Quoi donc? Le déficit de reconnaissance à l'égard du saxophoniste Cannonball Adderley et du producteur Orrin Keepnews. Chaque fois qu'on lit des articles consacrés aux productions des années 50 et 60, l'étiquette Blue Note est évidemment évoquée. Bien davantage que Riverside qui affiche pourtant un inventaire incroyable de grands moments dans l'histoire du jazz.
• On sait trop peu qu'Adderley mis à part, Keepnews a supervisé un nombre plus important d'enregistrements de Thelonious Monk sur Riverside que sur Blue Note. Qu'il a produit le très fameux Bill Evans Live At The Village Vanguard, des Sonny Rollins, des Red Garland (Yes!), Bobby Timmons, Blue Mitchell, Randy Weston, Johnny Griffin, Wes Montgomery et quantité d'autres artistes.
• Parmi toutes ces associations, celle qu'il eut avec Adderley fut à la fois la plus longue et la plus fructueuse. Il y a quarante ans, on écoutait Live At The Hit, Live At The Vanguard, Live At The Jazz Workshop, Live At The Lighthouse, et on les écoute encore et toujours avec autant de plaisir. Car tous ces live mettent en relief qu'à cette époque, de la fin des années 50 au milieu des années 60, sa formation était l'une des meilleures parce qu'elle défendait un style empreint de chaleur et de passion. Dans la vidéo qui suit Spontaneous Combustion, extrait de Live At The Jazz Workshop, Keepnews livre ses confidences sur des enregistrements publics d'Adderley.


vendredi 20 août 2010

Le Smalls de New York

Smalls est un club situé dans Greewnwich Village, au 183 West 10e Avenue pour être exact ou précis. C'est au choix. Il a ouvert en 1993. On se souvient que, pendant une dizaine d'années, il n'y avait qu'un seul employé, qui était en fait le taulier percevant les 10 $ du billet d'entrée. Il n'y avait ni barman, ni serveur. Bref, personne sauf les musiciens, qui jouaient jusqu'aux petites heures du matin, les heures radieuses.
• Après un hiatus de quelques années, Smalls a rouvert en 2007. Avec toujours la même politique: donner aux jeunes leur chance. C'est là qu'ont commencé Joshua Redman, Brad Meldhau, Mark Turner, Grant Stewart, Norah Jones, Sam Yahel et beaucoup, beaucoup d'autres. Au fil des ans, Smalls est devenu le point de chute par excellence des musiciens qui, une fois leurs prestations au Village Vanguard ou au Blue Note terminées, y vont jammer.
• Plus tôt cette année, le proprio du club a décidé de lancer une étiquette dédiée au live. Ont déjà paru des CD de Kevin Hayes, Peter Bernstein, Steve Davis. Là viennent de paraître un Ryan Kisor, un Seamus Blake et un live du batteur Albert Heath accompagné d'Ethan Iverson au piano et de Ben Street à la contrebasse. Si vous aimez les enregistrements en public, vous allez adorer cette étiquette baptisée tout simplement Smalls Live. D'ailleurs, on y reviendra prochainement. En attendant, voici Pound Cake par Heath-Iverson-Street

jeudi 19 août 2010

L'histoire d'Abbey Lincoln

• Pour souligner la mémoire d'Abbey Lincoln, le réseau NPR vient de mettre en ligne le premier d'une série d'articles ponctués d'extraits sonores des différents albums qu'elle a enregistrés dans les années 50 et au début des années 60. Les textes publiés par le réseau radio de PBS, le meilleur réseau télé en Amérique du Nord, sont signés Lara Pellegrinelli.
• En attendant la suite, Pellegrinelli, qui a bien connu Lincoln. qui l'a fréquentée régulièrement, insiste sur ce qui différencie Lincoln de ses collègues chanteurs. Et alors? Après un premier album logeant à l'enseigne du rose bonbon, elle a décidé d'échapper au piège du «showbiz-business» en composant ses chansons. Elle voulait interpréter SES mots. À lire. C'est instructif.
Lincoln par NPR

mercredi 18 août 2010

Abbey Lincoln est morte

Abbey Lincoln n'est plus. Elle avait 80 ans. Abbey n'était pas comme les autres. Pas du tout. De toutes les chanteuses d'aujourd'hui et du hier proche, elle était LA seule qui aurait pu chanter le I'm not Like Everybody Else de Ray Davies, le chroniqueur british. Car effectivement, elle n'était vraiment pas comme les autres. Elle fut engagée, introspective, et digne de ses débuts à la toute fin. Abbey n'a jamais concédé un brin de son libre arbitre.
• À la fin des années 50 et au début des suivantes, elle fut en pointe sur le front des droits civiques avec son mari d'alors, le batteur Max Roach. La voix du We Insist! Freedom Now, c'était elle. À l'époque, elle était également actrice. C'est elle qui, par exemple, partage les rôles avec Sidney Poitier dans le film For Love of Ivy. Elle campe la servante d'une famille blanche et aisée.
• Dans les années 70 et 80, Abbey Lincoln se tient volontairement en retrait. Puis, au cours de la décennie suivante, l'excellent producteur français Jean-Philippe Allard parvient à la convaincre d'enregistrer de nouveau. Dans une série d'albums remarquables, elle se distingue de ses consœurs et confrères par SES compositions. Ses mots qui se conjuguent toujours avec empathie et mélancolie. Abbey Lincoln, c'est le cas de le dire, était une très grande dame. Amen!
Down Here Below par Abbey Lincoln

mardi 17 août 2010

Des dizaines de shows

• C'est une grande et grosse nouvelle qu'on pouvait lire dans le New York Times d'aujourd'hui. Voilà, on vient d'apprendre que le National Jazz Museum, situé à Harlem, vient de faire l'acquisition de la collection William Savory. Mais encore? Dans les années trente, ce dernier a enregistré 1000 retransmissions radiophoniques de shows divers. Savory était musicien mais également, voire surtout, un génie de la technique.
• Étant cela, un bidouilleur débrouillard, il avait développé une technique proche du 33 tours à une époque où le 78 tours régnait en maître. Le hic, c'est que, collectionneur jaloux et excentrique, il n'avait jamais voulu que ces enregistrements soient publiés de son vivant.
• Toujours est-il que d'ici quelques mois, et à la suite donc de cette acquisition, les amateurs que nous sommes vont enfin pouvoir entendre des inédits — restez calmes! — de Louis Armstrong, Duke Ellington, Coleman Hawkins, Count Basie, Billie Holiday, Lester Young, Bunny Berigan, Benny Goodman, Ella Fitzgerald, Fats Waller et quantité d'autres clochards célestes.
• Selon les témoignages recueillis par le New York Times, Savory, né Desavouret, ses parents étaient des immigrants français, était un avant-gardiste sur le plan technique. CQFD: beaucoup des ces 1000 disques sont d'une qualité rare pour l'époque. Bon, la caverne d'Ali Baba vient de s'ouvrir.
National Jazz Museum

lundi 16 août 2010

Viva Bo Ramsey!

• Au fond, c'est à se demander si Bo Ramsey n'est pas l'alchimiste en chef de ces sensibilités musicales qui composent l'americana ou roots, ou on ne sait trop quoi. Bref, il s'agit de ce mélange fait de blues, de country, de folk, de marguerites, de truites, de bières fraîches et de fraises sauvages. T'sais veux dire.
• Toujours est-il que Bo Ramsey, né dans l'Iowa entre deux champs de maïs, comme son vieux complice le chanteur et guitariste Greg Brown, est l'archétype de ce musicien que vous pensez ne pas connaître alors que vous le connaissez fort bien si vous connaissez Lucinda Williams, Mark Knopfler, Calexico, Pietra Brown ou encore les artistes liés au label Red House Records, qui a d'ailleurs été fondé en 1981 par Brown. De-que-cé? Ramsey est le producteur de biens des albums publiés par cet excellent label.
• L'ennui avec Ramsey, c'est qu'il met ses talents de guitariste si souvent au profit des autres qu'on est moins au parfum des airs qu'il compose, des mots qu'il écrit pour lui. Bref, ses disques sont trop méconnus. On pense notamment à l'admirable Fragile publié il y a un an ou encore à In The Weeds ou à l'admirable Stranger Blues. Aussi, quand on est tombé sur la vidéo qui suit...
Bo Ramsey