lundi 17 mai 2010

Gentleman Jones n'est plus

Hank Jones, le doyen des pianistes de jazz, l'aîné des frères Elvin et Thad, n'est plus. Il avait 91 ans, avait tout fait, tout entendu, tout vu. Entre son arrivée à New York au début des années 40 et son dernier souffle, Jones a mis son talent de pianiste classique au service de Charlie Parker et Andy Williams, Ella Fitzgerald et Cannonball Adderley, Billie Holiday, Coleman Hawkins... En fait, pour faire court, l'homme né un an après le premier enregistrement d'un disque de jazz a accompagné tout le monde. À telle enseigne qu'il a défini, pour ainsi dire, les paramètres qui distinguent le simple faire-valoir de l'excellence.
• Bizarrement, ce n'est qu'à partir de la soixantaine que son nom va commencer à circuler en dehors du cercle des initiés, lorsque paraissent, notamment, ses enregistrements avec Tony Williams et Ron Carter, les enregistrements du Great Jazz Trio. Ces albums, c'est à noter, sont publiés au milieu des années 70. Et alors? En 1975, le réseau CBS «ferme» l'orchestre que Jones dirigea pendant une quinzaine d'années au bénéfice du chanteur-animateur Andy Williams. CQFD: au cours de cette période, Jones ne fit pas de tournées.
• En juillet dernier, celui qui connaissait tous les standards fit la couverture de JazzMan. De l'entretien mené par Alex Dutil, on a retenu ceci: «Jusqu'ici, je n'ai jamais fait que répondre aux sollicitations qui m'arrivaient, sans le moindre plan de carrière. On me téléphonait pour un accompagnement? J'y allais. Que ce soit pour une chanteuse, un instrumentiste ou un big band, peu importe. On me proposait d'assurer une séance d'enregistrement en leader? J'acceptais avec joie. Il s'agissait d'écrire de la musique? Je me mettais aussitôt au travail [...] Ma vie de jazzman, c'est au jour le jour.» Ave!

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