dimanche 4 avril 2010

La clarté de Wardell Gray

• Au jeu des rééditions, deux labels se distinguent parce qu'arrêtant des choix plus judicieux que d'autres: Frémeaux & Associés ainsi que Nocturne. Grâce à cette dernière étiquette, on peut découvrir ou redécouvrir celui qui fut dans les années 40 le saxophoniste de la fluidité: Wardell Gray. De lui on connaît évidemment ce duel mené avec, et non contre, Dexter Gordon et qui parut sous le titre The Chase.
• Mais ce qui singularisa Gray de Gordon, Teddy Edwards, Jimmy Heath, Lucky Thompson et autres ténors de sa génération, c'est l'aisance avec laquelle il passait du swing au bop et inversement. Un jour, il était membre du big-band d'Earl Hines ou de Count Basie, le lendemain il jouait en compagnie des militants du bebop. Le surlendemain, il rejoignait Benny Goodman, qui vouait les inventions de Charlie Parker et Dizzy Gillespie aux gémonies, avant de s'acoquiner le lendemain du surlendemain avec Tadd Dameron, Sonny Clark ou Hampton Hawes.
• Contrairement à bien de ses contemporains, Wardell Gray ne fut jamais un opposant, un guerrier, un battant. Il aimait par-dessus tout ponctuer les musiques de Basie ou Dameron à coups de notes claires, fluides, limpides. Le double album que Nocturne lui a consacré est le résumé convaincant d'un parcours qui reste exemplaire par ce refus de trancher. Ce refus d'adhérer à ceci plutôt qu'à cela.
Wardell chez Basie

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