samedi 6 février 2010

L'air de Brubeck et Desmond

• Côté est, à la fin des années 40, Miles Davis, John Lewis, Gerry Mulligan et Gil Evans se sont appliqués à briser les rythmes du temps, voire sa routine, en prenant le contre-pied du «bibeaupe». Pour faire court, là où il y avait agressivité ils ont introduit la lenteur et la douceur. Côté ouest, à la même époque, Dave Brubeck, Paul Desmond et un saxophoniste ténor aujourd'hui oublié, il s'appelait David van Kriedt, s'employaient à la confection d'une grammaire musicale identique à celle des troublions nommés sans pour autant les imiter.
• Aujourd'hui, grâce à l'étiquette française Frémeaux & Associés, le travail de ces derniers nous a été restitué avec le souci suivant: suivre la chronologie de leur développement, leurs découvertes, qui devait atteindre son point d'orgue avec la parution de Time Out en 1959. Les morceaux choisis par Alain Gerber et Alain Tercinet, auteur d'un livre remarquable - West Coast Jazz édité par Epistrophy/Parenthèses -, ont été enregistrés à San Francisco, New York et Los Angeles. Parfois, Brubeck est seul, parfois il est à la tête d'un trio. D'autres fois, Desmond dirige un quartet sans piano, notamment avec Gerry Mulligan. Mais sur la majorité des pièces, le pianiste côtoie l'altiste si amoureux de l'actrice Audrey Hepburn qu'il lui dédia une de ses plus belles compositions; Audrey.
• Lorsqu'on écoute Blue Moon, Over The Rainbow, How High The Moon, All The Things You Are, Laura, Line For Lyons, You Go To My Head, Take Five, évidemment, et autres chansons merveilleusement déclinées, on réalise que Brubeck-Desmond avaient un point commun avec Duke Ellington: le génie de la beauté. Il n'est d'ailleurs pas étonnant que Brubeck ait intitulé une de ses plus célèbres compositions The Duke.
• Dans son texte de présentation, aussi instructif que savant, Tercinet rapporte l'anecdote suivante: À propos de son plus grand succès, Take Five, Desmond inventa cette histoire: «L'idée m'en est venue à Reno, devant une machine à sous. Le rythme de la machine m'a suggéré le rythme du morceau. En fait, j'ai voulu que cette machine restitue d'une manière ou d'une autre tout l'argent perdu à jouer avec.» La suite? Vous la lirez après avoir fait l'acquisition de ce double compact. Oui, on vous en conseille l'achat dix fois plutôt qu'une. D'autant plus que ce disque baptisé The Quintessence s'avère d'ores et déjà une des meilleures rééditions de l'année 2010. Cliquez:


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